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Bien vieillir chez soi ? Bilan et perspectives pour les politiques locales de l’habitat

Table ronde présentée par Odile Dubois-Joye

L'ANIL a organisé une table ronde, le 15 juin 2023.

Le but

L'information et l'accompagnement des seniors dans leur parcours logement.

Le déroulement

Cette table ronde était en trois temps.

  • Bien vieillir chez soi ? Quelles sont les formes que peuvent prendre ce "chez soi" ?
  • Aider le senior à se projeter dans son parcours résidentiel.
  • Faire de l'habitat des seniors une politique transversale et coordonnée.

À cette occasion, une synthèse de l'étude a été présentée.

Les intervenants

Jessica BROUARD-MASSON, Directrice de l'expertise et des politiques publiques, Anah - Maryse Prat, Présidente de la commission attributions, mixité et gestion sociale, L'Union sociale pour l'habitat - Hugo Marlien, Directeur de l'Innovation et de la Transformation, Orvitis - Benjamin ZIMMER, Directeur délégué associé, Silver Alliance - Joachim Pasquet, Directeur, Cohabilis - Joachim Tavares, Directeur général, Papyhappy - Juliette Lucas, chargée de mission logement, âge et santé, Métropole de Lyon - Bruno Alary, Directeur, ADIL de l'Aveyron - Elisabeth Lefranc, conseillère municipale de Nantes, déléguée aux personnes âgées, séniors, longévité et à la laïcité et aux cultes et élue métropolitaine - Angélique GIACOMINI, Déléguée Générale adjointe responsable de la prospective, Réseau Francophone des Villes Amies des Ainés. 

Les replay des tables rondes

Note accompagnement retranscription tables rondes

Bien vieillir chez soi, c’est d’abord vivre le plus longtemps possible dans son domicile, celui que l’on connaît depuis toujours ou que l’on a choisi une fois la retraite passée.

Les travaux d’adaptation des logements répondent au souhait de rester le plus longtemps dans son domicile. La table ronde montre à quel point ils satisfont des enjeux préventifs : s’ils sont réalisés suffisamment tôt, temps de vie à domicile augmente. Mais encore faut-il pouvoir s’y projeter quand on est un jeune retraité et que la perte d’autonomie n’est pas encore certaine. Aussi, informer, c’est aussi sensibiliser en faisant œuvre de pédagogie. Il s’agit d’aller-vers les seniors et leurs proches, faire la démonstration de l’intérêt d’adapter d’abord comme un gain de confort dans le logement (ex : les apports d’un diagnostic d’ergothérapeute), voire un gain économique (ex : la maîtrise des charges énergétiques par le changement d’un chauffage). L’étude de l’ANIL souligne une vigilance particulière pour les seniors locataires du parc privé, plus exposés à un logement inadapté. L’information vise aussi les bailleurs de ces locataires âgés.

Bien vieillir chez soi, c’est vivre dans un logement qui ne renvoie pas aux tracas qui peuvent survenir lorsque l’on progresse dans l’âge : il faut parfois l’aménager, parfois en changer, et ce, de manière anticipée, c’est-à-dire aménager ou déménager au bon moment.

La table ronde a permis de prendre connaissance de lieux de vie intermédiaires, tels que les résidences pour personnes âgées ou les habitats partagés, qu’ils soient portés par des acteurs privés ou publics. Ces formules répondent à un réel désir d’habiter, qui est un des gages de leur attractivité. Les seniors peuvent envisager le statut de locataire, quand bien même fussent-ils propriétaires. Mais encore faut-il que ces solutions alternatives soient connues. Informer, c’est aussi communiquer et « visibiliser » cette offre qui est multiple.

L’accompagnement du parcours résidentiel des seniors doit prendre en compte une dimension parfois moins exprimée par cette catégorie de population : celles des conditions économiques. L’enquête du réseau ANIL / ADIL démontre que cette dimension « affleure », et que les aides ne sont pas toujours suffisamment connues, ou considérées « pour les autres ». La mise en place d’un guichet unique sera sans aucun doute un élément facilitateur, encore faut-il qu’il s’appuie sur des relais locaux qui pourront toucher de potentiels bénéficiaires qui s’autocensurent. Les ADIL font partie de ces relais locaux. Informer, c’est aussi aider à capter les aides les plus appropriées et apporter un conseil personnalisé et positif. Des modèles de viager solidaire apportent par exemple de vraies solutions de financement à des ménages modestes, mais ont mauvaise presse ou sont méconnus.

Ce constat souligne l’importance de produire une offre de logement abordable, en alternative à un logement devenu trop coûteux, que le senior soit propriétaire ou locataire. Ainsi, au-delà de la mobilisation individuelle des seniors dans un projet de travaux ou une mobilité résidentielle, qui suppose une information globale et un accompagnement adapté, la question du bien vieillir chez soi interpelle directement les politiques publiques.

Quand on parle des logement des seniors, on ne peut en effet se limiter au seul périmètre du logement. On bascule de facto dans l’habitat, c’est-à-dire le logement et les différentes échelles de son environnement. Car l’une des caractéristiques de la vieillesse peut être l’isolement, qu’il soit social ou physique. L’enquête du réseau ADIL/ANIL avère le sentiment d’isolement des seniors. L’accès aux services et à une vie sociale est au cœur de la réflexion sur l’habitat senior, et est indissociable de l’adaptation du parc, qu’il soit neuf ou existant.

A cet égard, les retours d’expérience montrent que la transition démographique nécessite de regarder l’habitat senior à 360°C, en particulier autour des quatre points suivants :

  • la planification urbaine : bien localiser les nouveaux programmes,
  • la programmation habitat : favoriser un habitat adapté et inclusif, solvabiliser les seniors par des aides aux travaux ou des loyers modérés, penser l’évolutivité des logements neufs au regard des réalités démographiques ;
  • l’offre de services et des soins : faciliter leur accessibilité par leur rapprochement, qui va du portage de repas à la mise en place d’offre de transports en commun ;
  • l’association citoyenne des seniors : les rendre acteurs de la conception des solutions que développent les collectivités et les entreprises, les concerter, les aider à se projeter dans un parcours résidentiel, comme le montrent les retours d’expérience présentés en table ronde.

La prise en compte du vieillissement dans l’habitat, et plus largement dans la société, progresse, voire accélère. Une information éclairée de l’ensemble des acteurs, y compris les seniors eux-mêmes, pourra accompagner cette dynamique et le virage domiciliaire impulsé par les pouvoirs publics et qui fédère nombre d’acteurs. Le réseau ANIL / ADIL y contribuera bien évidemment.

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